Curieux paradoxe, les conditions de travail en France sont tellement bonnes… qu’on a de la difficulté à s’y trouver un emploi. Et, en bonne partie, c’est parce qu’il est pratiquement impossible de congédier un employé, une fois qu’il a obtenu ce qu’on appelle un CDI, un contrat à durée indéterminée.
Cette situation donne d’ailleurs lieu à une pratique de gestion assez cruelle qu’on appelle « le placard ». Pamela Druckerman, du New York Times, l’explique ainsi : une personne arrive un bon jour au travail pour découvrir qu’on a embauché un nouvel employé, qui a exactement le même titre d’emploi. Un peu plus tard, son budget est annulé et on ne répond plus à ses courriels.
Progressivement, les employés qui relèvent de cette personne sont transférés au nouveau patron et finalement, il n’a plus aucun mandat. Mais, mais… il doit toujours se présenter au travail, chaque matin, avec absolument rien à faire! L’idée est bien sûr qu’on espère voir cet employé (qu’on n’a pas le droit de congédier, rappelons-le) en finir par être tellement dégoûté qu’il va quitter de lui-même son poste.
Cette pratique de gestion et d’autres de même nature sont au centre de discussions costaudes en France, entre le gouvernement, les associations d’employeurs et les grandes centrales syndicales. Tous reconnaissent qu’il faut faire quelque chose, mais évidemment, les solutions varient grandement.
Le taux de chômage global en France est de 10 %, soit le double des pays voisins comme l’Angleterre et l’Allemagne. Chez les jeunes, il peut atteindre jusqu’à 24 %. Or, même dans ce groupe, le CDI demeure un élément non-négociable, la sécurité absolue d’emploi (malgré le spectre éventuel du « placard »), est toujours considérée comme un droit et une nécessité.