Vous pensez que votre entreprise n’a pas les moyens de mettre en place un programme de santé et mieux-être ? Demandez-vous plutôt si elle a les moyens de ne pas le faire.
On voit souvent les programmes de santé et mieux-être en entreprise comme un luxe que seules les grandes entreprises peuvent se payer. Pourtant, au regard du coût réel de la « non-santé » du personnel d’une organisation, la moindre somme consacrée à un programme de mieux-être au travail, aussi modeste soit-il, est investissement gagnant.
La non-santé, ça bouffe des deniers
Difficile d’ignorer les impacts concrets des problématiques de santé liées à la sédentarité et aux mauvaises habitudes de vie sur les entreprises. Ces impacts vont bien au-delà de la simple absence pour maladie, qui représente elle-même une charge financière significative pour les employeurs, qui doivent généralement défrayer à la fois le salaire de la personne absente en plus de celui de son remplaçant ou de sa remplaçante, le cas échéant, ou tout simplement assumer le coût d’une interruption ou d’un retard de service lorsque la personne ne peut pas être remplacée.
Voici d’autres exemples d’impacts de la non-santé :
- Une personne qui fume coûte en moyenne 6000 $ de plus à son employeur que ses collègues qui ne fument pas (La Presse, 3 juin 2013).
- Au Québec, 30 travailleurs ou travailleuses sur 1000 s’absentent chaque semaine pour des raisons liées à leur santé psychologique (Jean Boulet, ministre du Travail, 2023).
- Les personnes atteintes de diabète s’absentent de 2 à 10 jours de plus par année que leurs collègues (Diabetes Care, mars 2013).
- Le départ d’un employé ou d’une employée coûte à une organisation en moyenne 30 % de son salaire annuel (Jack Philip Center for Research).
Et ce ne sont là que quelques exemples. Au total, selon une analyse du Groupe entreprises en santé, les entreprises du Québec perdent plus ou moins 23 % de leur masse salariale en raison des problèmes de santé de leur personnel.
En contrepartie, toujours selon une analyse du Groupe entreprises en santé, les entreprises récupèrent entre 1,50 $ et 3,80 $ pour chaque dollar qu’elles investissent dans la santé et le mieux-être au travail. Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale parle même d’un rendement pouvant atteindre 13 $ par dollar investi !
Au-delà des $$$
La mise en place d’un programme de santé et mieux-être en entreprise apporte des bénéfices importants, et on ne parle pas ici de bénéfices monétaires.
Entre autres bénéfices, une démarche de santé et mieux-être au travail permet d’améliorer le recrutement et la rétention du personnel, le climat de travail, l’engagement et le sentiment d’appartenance, la créativité, la productivité et la qualité du travail.
À l’inverse, une telle démarche entraîne une diminution de l’absentéisme et du présentéisme, du taux de roulement, des conflits et du coût des programmes d’assurances collectives.
Par ailleurs, selon une étude menée en 2021 par Paychex et Future Workplace, 67 % des travailleurs et travailleuses considèrent les politiques de bien-être au travail comme un avantage déterminant dans leur recherche d’emploi. Une donnée significative dans un contexte de forte compétition pour le recrutement de talents.
Faire les choses comme du monde
Évidemment, il est facile de balancer des statistiques prometteuses et de faire miroiter des bénéfices à faire rêver à la fois gestionnaires et employés. Mais pour tirer de réels bénéfices d’un programme de santé et mieux-être en entreprise, il faut faire les choses comme il faut.
Voici les grandes lignes d’une démarche de mise en place d’un projet :
- S’assurer de l’appui et de l’engagement des parties prenantes, notamment de la direction et des gestionnaires ;
- Consulter le personnel et l’ensemble de parties prenantes pour mesurer leur intérêt et connaître leurs attentes ;
- Identifier les enjeux, défis et opportunités, de même que les ressources disponibles (espaces, équipements, etc.) ;
- Élaborer un plan structuré et détaillé comprenant les objectifs, les priorités d’actions, les actions de communication de même qu’une estimation des investissements requis ;
- Trouver les ressources pour vous accompagner dans la mise en œuvre de la démarche.
Bien entendu, le recours à un expert-conseil pour vous aider tout au long de cette démarche ne peut que contribuer au succès de celle-ci.
Et c’est tout ?
Bien sûr que non !
Une fois votre démarche lancée et votre programme mis en place, il est important d’en assurer le suivi. Il faut entre autres mesurer l’atteinte des objectifs de départ, garder un œil sur le taux de participation du personnel et instaurer un véritable processus de mesure de la satisfaction des usagers et d’amélioration continue de l’ensemble du programme.
Bref, pour assurer le succès et la pérennité du programme, il faut faire en sorte que celui-ci réponde toujours aux attentes, souvent changeantes, du personnel.
Par Hervé Charbonneau